📷 LOIC VENANCE / AFP
Lors de la nomination de Gabriel Attal au poste de premier ministre au mois de janvier, nous avons eu l’occasion de découvrir nombre d’anecdotes sur l’humain derrière l’homme politique. Ces anecdotes participent au fait de rapprocher le ministre du peuple français, car en connaissant ses goûts, les citoyens peuvent avoir un autre moyen de s’identifier à lui, en dehors de toutes considérations politiques. On peut alors noter certains éléments culturels«standards» de la culture française, ce à quoi il est normal de s’identifier. Ainsi, une interview réalisée par Paris-Match en 2018, remontée à la surface récemment, révélait un Gabriel Attal fan d’Orelsan, on apprenait d’ailleurs qu’il avait «monté son fan-club à l’Assemblée Nationale». L’artiste, loin de faire l’unanimité à ses débuts en 2009 - sa carrière ayant débuté par une polémique, des extraits d’un de ses textes ayant été critiqué au sein même de l’hémicycle - se place aujourd’hui en référence culturelle. Loin d’un rap sensationnaliste, Orelsan raconte une vie normale,
« j’viens de la classe moyenne, moyennement classe où tout le monde cherche de place, Julien Clair dans le monospace» (« La Pluie », album La fête est finie, 2017).
Une vie normale qui se compose de rêves de succès, de relations amicales et amoureuses, de questions sociétales et … d’un rapport au religieux, au mystique, aux questions existentielles. Mais quelle vision Orelsan -archétype d’un français de classe moyenne-a-t-il de Dieu ?
En se basant sur les textes de ses quatre albums sortis depuis 2009, et en supposant qu’ils sont bien autobiographiques, on peut tracer le portait d’un homme ayant eu une éducation religieuse, mais se positionnant plutôt comme agnostique. À notre connaissance, Orelsan n’a pas fait de déclaration lors d’interviews sur le sujet de la place du religieux dans sa vie. L’analyse qui suit trouve ses sources éparpillées dans des petits bouts de phrases au détour d’anecdotes sur son enfance ou réflexions du moment.
D’abord, à propos de son éducation. Alors qu’Orelsan se livre à une rétrospective des premières années de sa vie dans le morceau « La Quête » (album Civilisation, 2021), il dit :
« J'fais quelques cours de catéchisme/Mais j'suis pas sûr de croire en Dieu ».
Il parle d’une éducation religieuse catholique mais ne parle pas d’une foi en Dieu. Plus que cela, il émet rétrospectivement des doutes sur ses croyances lorsqu’il était enfant. Ses espoirs d’alors se portaient sur les réponses que pouvaient lui apporter ses parents, en témoigne les phrases suivantes,
« J’ai sept ans la vie est facile/Quand j’sais pas je demande à ma mère/Un jour elle m’a dit « j’sais pas tout » /J’ai perdu foi en l’univers ».
La citation de sa mère nous donne le contexte de ce à quoi elle pouvait prétendre répondre : les questions quotidiennes et matérielles d’un enfant en âge d’être à l’école primaire. Mais chaque personne ayant un enfant dans son entourage peut témoigner des questions existentielles que se posent les enfants, aussi jeunes soient-ils. Les réponses aux questions existentielles du rappeur sont pour lui dès lors, restées sans réponse, le laissant dans un doute constant, qui n’est pas rempli, pour sa part, de Dieu.
La dichotomie qu’il établit entre culture religieuse d’une part et foi de l’autre, se retrouve dans un autre morceau (sans doute celui qui parle le plus de ses croyances d’ailleurs) : « Elle viendra quand même », expression se référant à la mort, dans l’album Le chant des sirènes (2011). Il y dit :
« Est-ce que mes croyances et mes pensées sont les miennes/Ou j’reste influencé par 2000 ans d’éducation chrétienne ? ».
Au-delà de sa propre éducation, c’est au contexte culturel ambiant qu’il impute ses pensées. Dans « Athéna » (Civilisation), Orelsan met l’accent sur sa peur de la mort (en s’adressant à sa femme, il dit « T’arrives à m’rassurer quand j’ai peur de la mort »), qui semble être assez poussée pour qu’il lui dédie une chanson complète.