Ce que vous ignorez sur le streaming musical !

TopMusic est une nouvelle application de streaming musical, qui a pour but de palier les manquements des plateformes existantes sur plusieurs aspects :

  • à la fois la découverte de l'étendue de la musique des artistes chrétiens, desquels les algorithmes ne rendent pas justice.
  • permettre une meilleure rémunération des artistes et de la production à travers un modèle adapté : centré artiste et équitable.
  • proposer une autre direction face à la financiarisation croissante de l'industrie musicale, et la course effrénée aux streams qui tend à baisse la qualité

Pour comprendre les raisons sous-jacentes, cet article décrit la manière dont les abonnements sont distribués sur les plateforme de streaming musical.

Abordons l’épineuse question de la rémunération des artistes sur les plateformes‍

En 2023, l’ensemble des revenus d'une plateforme de streaming musical (comprendre Spotify, Deezer, Apple Music, et consorts) est à répartir entre les différents parties prenantes à chaque fin de mois :

en moyenne la plateforme elle-même garde 30% pour les frais de fonctionnement, 60 % sont envoyés aux distributeurs et 10 % aux éditeurs.
Sur les 60% répartis pour les distributeurs, les labels en touchent la majeure partie, qui est distribuée selon le modèle dit centré marché. C'est assez technique mais c'est ici que réside un des problèmes du streaming aujourd'hui :

La rémunération "centrée marché" d'un artiste est calculée sur la base du pourcentage de la totalité des écoutes générées par la plateforme.

Si un titre représente 1% des écoutes globales générées par tous les utilisateurs, les ayants droits de ce titre (les musiciens, la production...) percevront 1% des revenus totaux associés à la rémunération de la distribution.

Sauf que ... tous les utilisateurs n'écoutent pas les mêmes artistes, et ont tous des habitudes différentes (certains écoutent plus que d'autres).

Mon abonnement rémunère des artistes que je n'ai pas écoutés

C'est l'implication majeure pour les abonnés d'un modèle centré marché.
À l'inverse d'un modèle centré utilisateur, les abonnements rémunèrent des artistes qui ne sont pas forcément écoutés !

Prenons l'exemple d'une abonnée - Sarah - qui paie 10€/mois, mais qui écoute un artiste A 90 fois, face à un autre abonné - Jean - qui paie aussi 10€/mois mais écoute un Artiste B 10 fois.

Ils paient chacun 10€, mais ne génèrent pas du tout le même nombre d'écoutes chaque mois.
La répartition Global Centric - Centré marché - va diriger les abonnements des deux abonnés vers l'Artiste A, même si Jean ne l'a jamais écouté, au détriment de l'Artiste B.

Les schémas ci-dessous l'illustre bien :

Modèle centré marché (Global centric en anglais)
Modèle centré utilisateur (User centric en anglais)

Ainsi, un modèle centré marché va aspirer les abonnements de certains utilisateurs pour rémunérer les artistes qui génèrent les plus d'écoutes, sans prendre en compte les écoutes de chaque utilisateur pris indépendamment.

Tout le hic est là.
Les plateformes, et les labels, ont choisi une rémunération "au stream", qui simplifie grandement les méthodes de calcul mais a des conséquences majeures sur l'équité des rémunérations.

Même Deezer souhaiterait changer de modèle, mais en est pour l'instant empêché

Pour mettre ce sujet en perspective, l'image ci-dessous est une capture d'écran d'un simulateur proposé par Deezer en 2022, qui explicite la répartition des abonnements (ici pour le mois de Juin 2022) :

Cet outil montre que 87% de mon abonnement Premium Deezer rémunère des artistes que je n'ai pas écouté ! Et seulement 13% part pour des artistes effectivement écoutés, quelle désillusion.

En 2022 Deezer permettait de connaître la distribution de son abonnement

Il est temps de proposer un nouveau modèle : juste, direct, transparent

« Avec les plates-formes musicales comme Spotify, Deezer ou Apple Music, les artistes déjà riches deviennent encore plus riches, les pauvres encore plus pauvres et ceux qui étaient dans la moyenne ne s’en sortent plus » Suzanne Combo, déléguée générale de la Guilde des artistes de la musique (GAM).

Le déséquilibre des revenus impact la création musicale elle-même car elle concentre les revenus sur les genres les plus commerciaux, très rentables, au détriment d'autres genres qui nécessitent plus d'investissement comme le montre l'étude du CNM de 2021.

L’étude réalisée par Aepo Artis en 2019 constate de cette manière que 90 % des artistes perçoivent moins de 1 000 euros par an grâce au streaming, et que seulement 1 % des artistes parviennent à gagner au moins un SMIC. Ce modèle de rémunération encourage donc les artistes à produire de la musique la plus commerciale possible pour être à tout prix dans les Charts et espérer une meilleure rémunération, la musique perdrait dès lors toute vertu artistique pour devenir une simple marchandise standardisée et uniformisée.

Heureusement la lueur d’espoir d’une rémunération plus juste pour les artistes émerge avec les modèles “user-centric” adoptés en 2021 par Soundcloud, ou “artist-centric” proposée par TopMusic. Ce dernier modèle permettra aux fans, à partir du prix de leur abonnement, de répartir leur abonnement à la fois par leurs écoutes, et par des “tips” (pourboire en anglais) attribués à des artistes, ou titres favoris. À travers le tip, on rétablit aussi l’engagement entre un artiste et son public par l'intentionnalité du geste.

Nous expliquons plus en détail le modèle de rémunération sur TopMusic dans ce prochain article.